Je poste ma version de la lettre ouverte pour les médias, et les étudiants à sensibiliser. N'hésitez pas à écrire des remarques, des critiques, tout ce qui peut être constructif et qui fera avancer les choses.
Lettre ouverte à Marc Gontard, Président de l’Université de Rennes 2 ; à M.Jean Daubigny, préfet d’Ille-et-Vilaine ; à Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Madame, Messieurs,
Etudiantes et étudiants à l’Université de Rennes 2, nous sommes aujourd’hui, comme vous le savez, confrontés au blocage de notre Université, suite au mouvement de protestation des étudiants et des professeurs contre la réforme portant sur le statut des enseignants-chercheurs, et, plus largement, contre la LRU, loi relative aux libertés et responsabilités des universités, dont le but principal est d’accorder davantage d’autonomie aux universités françaises.
Sachez que nous ne sommes pas politisés, et le but de cette présente lettre n’est pas de discuter de ces lois et décrets. Nous vous écrivons, pour vous signifier notre colère légitime face au mouvement de blocage que nous connaissons actuellement au sein de notre université, qui nous empêche de nous rendre en cours normalement. Depuis le 2 février, date du début du mouvement de contestation, nous avons subi six semaines de blocage total, sans compter les semaines où nous avons pu aller en cours deux à trois jours par semaine seulement. Sur un semestre s’étalant de janvier à mai, cela fait beaucoup trop de semaines perdues. Cela suffit ! Il est temps de réagir, de prendre des mesures, aussi fortes soient-elles, au niveau de la Présidence, au niveau préfectoral, mais aussi à l’échelon national, car nous associons les étudiants des autres universités bloquées, qui subissent actuellement le même sort que nous, à qui on empêche la possibilité, le droit même, d’étudier.
Pour vous resituer dans le contexte, nous vous rappelons quelques chiffres. Le 20 mars dernier, un vote électronique a été effectué, pour permettre aux étudiants de s’exprimer librement sur la situation actuelle. Sur 4777 votants, 72.5% des étudiants se sont prononcés contre le blocage ; deux semaines plus tard, la situation n’est toujours pas décantée et reste au point mort. Les bloqueurs continuent d’occuper les locaux ; les beaux jours étant de retour, les fours à pain et autres brasero ne sont pas oubliés, les bâtiments transformés deviennent ainsi des véritables pièces de vie, avec des fauteuils, des canapés…mais aussi des tags, des dégradations, rendant les locaux dans un état lamentable. Ces dégradations vont causer bien du tort à l’université : les pertes financières dues aux dégradations et aux vols seront importantes ( les réparations, comme en 2006, comme en 2007, vont coûter des milliers, voire des centaines de milliers d’euros ), mais surtout, les pertes humaines seront dramatiques pour l’université : las de ces blocages à répétition, les étudiants vont s’en aller, les futurs bacheliers ne s’inscriront plus à Rennes 2. Le mouvement du blocage, qui vise en partie à réclamer plus d’argent pour les universités délaissés, s’avèrera contre-productif, les effectif diminueront, avec, par conséquent, une baisse des moyens financiers.
Sachez aussi que, la majorité des étudiants sort de sa passivité, que la colère monte, et que la tension aperçue sur le campus de Villejean mardi 30 mars ne baissera pas si rien n’est fait pour stopper ce blocage. Non, Rennes 2 n’est pas une fac de « glandeurs » ou de futurs chômeurs, mais une université dont les étudiants souhaitent, comme dans toute autre université ou école, décrocher leur diplôme et obtenir un emploi. Nous avons des professeurs compétents, qui distribuent des cours intéressants, et rien n’est plus frustrant que de rester chez soi et attendre que le déblocage se fasse. Aussi, comme vous le savez tout aussi bien que nous, un étudiant sur deux doit travailler afin de financer ses études. Le report des cours en mai, bien qu’il soit nécessaire pour avoir un semestre correct, va s’avérer préjudiciable pour la quasi-totalité des étudiants, qui ont des jobs d’été pour gagner leur vie, des stages pour enrichir leur CV, ou des concours à préparer, lorsque ce n’est pas les trois à la fois. Aussi, une année universitaire coûte cher, le contexte économique actuel fait que notre avenir professionnel est plus que flou, l’obtention d’un diplôme n’est pas synonyme d’emploi. Nous voulons un diplôme qualifiant, c’est pourquoi il est nécessaire aujourd’hui de retourner en cours le plus vite possible. Que vaudra, pour un employeur, un diplôme si celui-ci est délivré « au rabais » ?
Nous vous demandons solennellement, Mme le Ministre, M. le Préfet, M. le Président, de ne plus réagir, mais d’agir. Il n’est plus tolérable, de ne pas pouvoir aller en cours. Il est inacceptable que le droit d’étudier soit ainsi bafoué. Nous espérons que vous saurez prendre les mesures qui s’imposent, pour que les étudiants puissent revenir étudier et poursuivre les études sereinement.